TRINITE ET TOBAGO

Trinidad et Tobago : la renaissance

Il y a quelques mois encore, personne n'aurait misé un centime sur les chances de Trinidad et Tobago d'accéder à la première phase finale de Coupe du Monde de la FIFA de son histoire. Cela n'a pourtant pas empêché ce petit archipel, peuplé d'à peine plus d'un million d'habitants, de déjouer les pronostics et d'obtenir une qualification méritée pour la grande fête du football mondial.

Après avoir dominé la République Dominicaine lors du premier tour de la compétition préliminaire, Trinidad et Tobago retrouvait le Mexique dans la poule suivante. En dépit des deux défaites concédées face au poids lourd de la région, les insulaires parvenaient à décrocher la deuxième place, synonyme de qualification pour le tour final à la faveur de succès obtenus face à Saint Christophe et Nevis et St-Vincent et Grenadines. Malgré ces victoires acquises de haute lutte, on ne donnait pas cher de la peau de Trinidad et Tobago face à des adversaires du calibre des Etats-Unis, du Panama, du Costa Rica ou du Guatemala.

De fait, les hommes de Bertille St. Clair entament ce dernier tour de façon catastrophique. Avec un point en trois matches, Trinidad et Tobago confirme les réserves émises par de nombreux observateurs sur son potentiel. Le moral des joueurs et des supporters est alors au plus bas. C'est alors que la fédération décide de faire appel aux services de l'expérimenté Leo Beenhakker. Le technicien néerlandais décide de relever le défi et promet d'emmener l'équipe en Allemagne.

Le nouveau sélectionneur fête ses débuts par une solide victoire 2-0 devant le Panama. Pour son deuxième match, l'ancien entraîneur du Real Madrid voit ses joueurs se déplacer chez l'ogre mexicain. Certes, les Soca Warriors sont sèchement battus 2-0 mais leur performance a de quoi rassurer. Après une courte défaite face aux USA (0-1), Trinidad et Tobago reprend sa marche en avant à la faveur d'une victoire capitale face au Guatemala (3-2). Surclassés par le Costa Rica à San José (0-2), les protégés de Beenhakker se retrouvent dans l'obligation de remporter leur denier match face au Mexique pour espérer rester dans la course à la qualification. Contre toute attente, ceux-ci vont se transcender devant leurs supporters de Port d'Espagne et s'imposer (2-1) face à l'une des meilleures équipes de la région. Un triomphe qui leur donne désormais le droit d'affronter Bahreïn en match de barrage.

En 1989, Trinidad et Tobago était déjà passé tout près d'une qualification historique. Alors qu'il ne leur manquait plus qu'un point pour obtenir leur billet pour Italie 90, les Soca Warriors s'étaient inclinés (0-1) à domicile face aux Etats-Unis. Depuis près de 16 ans, ce souvenir hante l'archipel et, cette fois, les coéquipiers de Dwight Yorke sont bien décidés à ne pas laisser passer leur chance. La double confrontation face aux Bahreïnis n'en sera que plus passionnante. Les hommes de Luka Peruzovic créent la surprise le 12 novembre dernier en ouvrant le score à Port d'Espagne par l'intermédiaire de Husein Salman à la 72ème minute. Cinq minutes plus tard, les deux équipes sont de nouveau à égalité grâce à Christopher Birchall. Le but du jeune milieu de terrain de Port Vale va s'avérer décisif. En effet, quatre jours plus tard à Bahreïn, les Soca Warriors vont une nouvelle fois surprendre les observateurs en arrachant une victoire 1-0 au stade Manama, décrochant du même coup leur qualification pour la phase finale de la Coupe du Monde de la FIFA 2006.

Trinidad et Tobago fait peut-être partie des derniers qualifiés de l'épreuve, mais les hommes de Beenhakker ont prouvé qu'ils n'avaient pas peur de bousculer la hiérarchie du football international. Ce triomphe a d'ores et déjà fait du Néerlandais une véritable icône dans les Caraïbes. C'est également l'occasion pour Dwight Yorke, l'un des meilleurs joueurs de l'histoire du pays, de découvrir cette prestigieuse compétition avant de mettre un terme à sa carrière. Et l'ancien attaquant de Manchester United, champion d'Europe en 1999, ne se rendra certainement pas en Allemagne pour faire de la figuration. Il pourra compter sur le soutien de Stern John, actuellement prêté à Derby Country (L2 anglaise) et de l'extravagant Russell Latapy, dont le retour en sélection (à 37 ans !) a été salué par tous ses partenaires. Comme on le voit, Trinidad et Tobago ne manque pas de talent et les futurs adversaires des Soca Warriors seraient bien mal avisés de les sous-estimer.